Journée mondiale de la drépanocytose : avancées scientifiques et médicales

A l'occasion de la Journée mondiale de la drépanocytose, ce 19 juin 2022, découvrez comment les équipes de recherche et les médecins de l’Institut Imagine luttent contre cette maladie génétique – la plus fréquente – affectant le sang. Des essais cliniques de thérapie génique, en particulier, montrent des effets à long terme très positifs chez des patients n’ayant pas pu bénéficier de greffe de moelle osseuse. Les chercheurs développent en parallèle des approches innovantes de thérapie génique, potentiellement plus efficaces et moins coûteuses.

Publié le 15.06.2022

Accélérer la recherche

Avec 350 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, la drépanocytose est la plus fréquente des maladies génétiques. Elle concernerait ainsi 50 millions de personnes dans le monde. Sa cause ? Une mutation du gène codant l’hémoglobine, protéine constitutive des globules rouges et dont le rôle est de transporter l’oxygène dans le sang vers les organes. Cette mutation (un simple changement de lettre dans le code génétique) entraîne un défaut dans la structure de l’hémoglobine. Cela donne lieu à un rigidification des globules rouges qui prennent la forme de faucilles, obstruant ainsi les vaisseaux sanguins. Ce phénomène donne lieu à des crises extrêmement douloureuses chez les patients, des anémies sévères et un risque accru aux infections, avec une perte de fonction progressive des organes.

Le seul traitement curatif est une greffe de cellules souches sanguines, prélevées dans la moelle osseuse de donneurs compatibles. Toutefois, cette approche est limitée par le manque de disponibilité de ces donneurs : on n’en trouve que dans 25% des cas. Il existe donc des traitements pour réduire la douleur des patients drépanocytaires, notamment la transfusion sanguine, qui consiste à remplacer ponctuellement le stock de globules rouges malades par des globules rouges sains, les chélateurs du fer pour réduire sa surcharge, et des antidouleurs.

Problème : ces traitements réguliers sont lourds et ciblent les conséquences et non les causes de la maladie qui, par ailleurs, progresse avec une atteinte sévère des organes. Une alternative est la thérapie génique, que nous développons à l’Institut Imagine, à la fois à travers des essais cliniques menés à l’Hôpital Necker-Enfants Malades AP-HP et par des travaux de recherches fondamentaux visant à mettre au point les thérapies géniques du futur. Elle consiste à utiliser un transporteur capable d’acheminer une nouvelle séquence génétique jusqu’au noyau de la cellule. Cette nouvelle séquence s’intègre alors au génome, avant d’être traduite puis transcrite en hémoglobine saine. C’est ainsi qu’en 2022, l’équipe du Pr Marina Cavazzana, pédiatre, directrice du département de biothérapie de l’hôpital Necker-Enfants Malades et directrice du Centre d’Investigation Clinique en Biothérapie, affilié à l'Institut Imagine (Inserm, AP-HP, Université de Paris)  a publié dans Nature Medicine, des résultats très encourageants du suivi à long terme de patients drépanocytaires traités par thérapie génique.

« Les patients traités par thérapie génique n’ont plus besoin de transfusion sanguine et ont cessé tous les médicaments anti-douleurs : il y a donc une guérison clinique et biologique. Cela prouve bien que la thérapie génétique peut représenter une solution alternative dans le cas où ces patients manquent d'un donneur HLA compatible »  

Pr Marina Cavazzana, pédiatre, directrice du département de biothérapie de l’hôpital Necker-Enfants Malades et directrice du Centre d’Investigation Clinique en Biothérapie, affilié à l'Institut Imagine

En parallèle, dans les laboratoires, la recherche fondamentale bat son plein. L’équipe d’Annarita Miccio, directrice du laboratoire « Chromatine et régulation génique au cours du développement » développe ainsi les thérapies géniques de demain, avec de nouveaux vecteurs viraux utilisant des procédés innovants, notamment les ciseaux moléculaires CRISPR-Cas-9, capables de couper l’ADN n’importe où dans le génome. Découvrez son équipe en image dans la vidéo de notre série Into The Lab, consacrée aux équipes de recherche de l’Institut Imagine.

« Mon rêve de chercheuse […] est non seulement de guérir les patients, mais surtout un grand nombre de patients, en réduisant le coût de ces thérapies géniques »  

Annarita Miccio, directrice du laboratoire « Chromatine et régulation génique au cours du développement »