Les vertus insoupçonnées d'un extrait du cacao

Dans une nouvelle publication parue dans la revue Bone Research, l’équipe de Laurence-Legeai Mallet, co-directrice du laboratoire « Bases moléculaires et physiopathologiques des ostéochondrodysplasies, à l’Institut Imagine (Inserm, AP-HP, Université Paris Cité), en collaboration avec l’université de Grenade, en Espagne, a découvert qu’une molécule extraite du Theobroma cacao peut contrecarrer en partie certaines anomalies de croissance induites par une mutation du gène FGFR3 responsable de l’achondroplasie, première cause de nanisme.

Publié le 22.03.2022

Accélérer la recherche

Du chocolat comme remède aux anomalies de croissance ? Cela peut prêter à sourire ! Et pourtant, une étude alliant à la fois des donnés in vitro, ex vivo et in vivo publiée récemment dans la revue Bone Research par l’équipe de Laurence Legeai-Mallet, montre qu’une molécule contenue dans le cacao – l’épicatechine – est efficace pour contrecarrer certaines anomalies engendrées par une mutation du gène FGFR3, responsable notamment de l’achondroplasie, première cause de nanisme [1].

Laurence Legeai-Mallet
Dr Laurence Legeai-Mallet, Institut Imagine © Huguette & Prosper

Cette mutation dite « gain de fonction » altère la cascade d’événements moléculaires assurant la formation et l’élongation des os. Elle provoque la désorganisation de la plaque de croissance, perturbe la prolifération et la différenciation cellulaire et modifie la taille du cil primaire présent sur chacune des cellules du cartilage. Depuis de nombreuses années, Laurence Legeai-Mallet explore différentes pistes thérapeutiques en identifiant des molécules qui pourraient avoir une action bénéfique sur le gène en lui-même ou bien les cascades de signalisation en aval. De quoi imaginer de nouveaux traitements pour les enfants atteints de ces pathologies osseuses.

Les bienfaits de l'épicatéchine

« Dans ce contexte, des chercheurs de l’Université de Grenade, spécialisés dans les principes actifs issus de l’alimentation et des plantes, nous ont contacté pour que l’on teste quatre extraits issus de plantes : le cacao, le citrus (Diosmin), le curcumin et l’hibiscus », explique la chercheuse. Après avoir tester les différents extraits, l’équipe de Laurence Legeai-Mallet a focalisé ses efforts sur Theobroma cacao et a montré que l’(-)-épicatéchine permettait de restaurer les voies de signalisation activées par le gène muté et la taille du le cil primaire dans un modèle murin d’achondroplasie.

« La croissance n’est pas complétement rétablie, mais est améliorée de façon significative  

Laurence Legeai-Mallet

Les chercheurs ont ensuite montré l’effet bénéfique de cette molécule in vivo chez la souris sur la taille des cellules du cartilage (chondrocytes), leur prolifération et différenciation, ainsi que la taille du cil primaire. « La croissance n’est pas complétement rétablie, mais est améliorée de façon significative in vivo chez la souris, indique Laurence Legeai-Mallet. Et cela se voit directement sur la taille de la plaque de croissance et la longueur de tous les os longs (tibia, fémur, humérus et ulna) ». Ces travaux, fruit de plusieurs années de travail, ont fait l’objet d’un brevet et cette nouvelle piste thérapeutique est aujourd’hui étudiée dans le cadre du progamme Springboard, incubateur de startups de l’Institut Imagine.

[1]L . Martin et al., Bone Resarch, 2022