Nadine Cerf-Bensussan, Grand Prix Inserm 2023

« À travers ses Prix, l’Inserm célèbre cette année cinq lauréats emblématiques de notre effort collectif pour mener et accompagner, avec efficacité et créativité, la recherche en santé », souligne le Pr Didier Samuel, PDG de l’Inserm. Tout au long de l’année 2023, et alors que l’Inserm s’apprête à célébrer l’année prochaine ses 60 ans, ses collaborateurs n’ont cessé de faire progresser la santé de tous les citoyens grâce à de belles avancées sur l’ensemble des pans de la recherche biomédicale. Les travaux des cinq scientifiques récompensés lors de cette nouvelle édition des prix Inserm reflètent toute la richesse et le caractère innovant des recherches qui sont menées au sein de l’Institut. Le Grand Prix Inserm est décerné à Nadine Cerf- Bensussan, pionnière de l’exploration du microbiote, qui étudie depuis plus de quarante ans l’immunité intestinale pour améliorer la prise en charge des patients.

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Accélérer la recherche

Nadine Cerf-Bensussan, Grand Prix Inserm

Directrice de recherche Inserm, Nadine Cerf-Bensussan dirige le laboratoire Immunité intestinale à l’Institut Imagine à Paris, où elle s’intéresse au rôle ambivalent du système immunitaire intestinal, qui d’un côté nous protège des pathogènes, mais de l’autre doit tolérer les nutriments et les nombreuses bactéries présentes dans le microbiote. Spécifiquement, ses travaux visent à mieux comprendre les pathologies intestinales, dont la maladie coeliaque induite par le gluten, ainsi que les liens entre le microbiote intestinal et son hôte. Si aujourd’hui ce type de recherche a le vent en poupe – et les termes « microbiote » et « intolérance au gluten » sont désormais bien connus du grand public –, ce n’était pas le cas quand elle a démarré sa carrière il y a 40 ans. Son entrée dans le domaine s’est d’ailleurs faite un peu par hasard, d’abord grâce à un stage hospitalier dans le service d’immunologie et d’hématologie de Claude Griscelli, à l’hôpital Necker-Enfants malades, puis en s’orientant vers un DEA et un stage au Massachusetts General Hospital à Boston, où elle a mis au point son premier anticorps contre les lymphocytes intestinaux chez le rat. De retour en France au début des années 1980, elle se tourne définitivement vers la recherche, obtenant en 1987 le concours de chargée de recherche à l’Inserm, toujours dans l’équipe de Claude Griscelli – lequel assurera plus tard la direction générale de l’Inserm de 1996 à 2001. Elle y développe le premier anticorps contre les lymphocytes intra-épithéliaux humains et voit dans la maladie coeliaque – qui fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle dans les médias – un modèle idéal d’étude du rôle de ces lymphocytes et plus largement de l’immunité intestinale.

La suite de sa carrière est ponctuée d’avancées majeures dans la compréhension du microbiote et de l’immunité intestinale. Par exemple, avec son équipe, la chercheuse a démontré le rôle clé de la bactérie segmentée filamenteuse, véritable « star en immunité intestinale ». L’équipe continue aujourd’hui à étudier cette bactérie pour identifier ses mécanismes d’action mais aussi la façon dont l’hôte contrôle son expansion dans l’intestin.

En 2014, l’intégration de l’équipe à l’Institut Imagine a constitué une opportunité majeure pour développer de nouvelles thématiques autour des maladies génétiques intestinales. Nadine Cerf-Bensussan et ses collègues ont notamment pu y développer une cohorte de patients soupçonnés de présenter une maladie monogénique intestinale. Grâce à leurs efforts, un diagnostic génétique a été posé pour environ 30 % des patients inclus et un outil diagnostique fondé sur le séquençage haut débit a été mis au point. L’équipe tente aussi d’établir un catalogue des gènes indispensables à l’équilibre de la barrière intestinale et, lorsqu’ils sont peu ou mal connus, de définir leurs rôles précis. « Je suis très heureuse de ce Grand Prix que je vois comme la reconnaissance de l’importance de cette interface constamment exposée à une masse considérable de microbes ainsi qu’aux multiples composants de notre alimentation et de notre environnement, C’est comme si on avait donné le prix à l’intestin ! », conclut Nadine Cerf-Bensussan.

 

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Extrait du Communiqué de presse Inserm (+lien)