Netherton : une nouvelle approche pour mieux comprendre et suivre l’activité enzymatique dans la peau

Une équipe du laboratoire Maladies génétiques de la peau dirigée par le Pr Alain Hovnanian à l’Institut Imagine vient de publier, dans la revue American Journal of Physiology – Cell Physiology, une étude qui éclaire d’un jour nouveau les mécanismes à l’origine du syndrome de Netherton, une maladie génétique rare de la peau.

Une découverte majeure

Cette maladie orpheline sévère, due à des mutations du gène SPINK5 codant pour un inhibiteur de protéases à sérine, provoque une hyperactivité d’enzymes appelées kallikréines (KLK) qui dégradent la couche superficielle protectrice de la peau et déclenchent une inflammation chronique et des allergies multiples. En conséquence, la peau des personnes atteintes du syndrome de Netherton est rouge, inflammatoire, desquame en permanence et sujette aux infections, dès la naissance.

Jusqu’ici, on ignorait si cette activité enzymatique variait selon les formes cliniques de la maladie — érythrodermie squameuse ou ichtyose linéaire circonférentielle — ou entre les zones lésées et non lésées de la peau.

Grâce à une méthode innovante et non invasive, les chercheurs ont pu analyser directement l’activité des kallikréines exprimées dans la peau à partir de prélèvements cutanés non invasifs de surface (“tape strips”) réalisés chez vingt patients.

Leur étude révèle que l’activité des KLK5 et KLK7 est augmentée en peau saine et en peau lésée des deux formes de la maladie, que l’activité de la KLK7 est plus augmentée dans la forme eryrthrodermique squameuse, et que les activités des KLK6 et KLK13, sont accrues dans les zones lésées uniquement. Cette découverte suggère que l’hyperactivité enzymatique est présente en peau lésée comme en peau saine, expliquant la récidive et la chronicité des lésions sur l’ensemble du corps.

Les chercheurs ont également montré que ces mesures d’activité enzymatique pouvaient constituer un outil de suivi non invasif pour évaluer l’efficacité de futurs traitements, notamment ceux qui visent à bloquer l’activité de ces enzymes.

Enfin, l’étude met en lumière des différences entre les deux formes cliniques du syndrome, ouvrant la voie à une médecine de précision pour les patients atteints de cette maladie rare.

« Nos résultats confirment que l’augmentation de l’activité des kallikréines sont au cœur de la physiopathologie du syndrome de Netherton. Mieux les comprendre permettra d’adapter les traitements et de suivre leur efficacité sans recourir à des biopsies », souligne le Pr Alain Hovnanian.

Un simple test cutané éclaire le syndrome de Netherton

Les enzymes cutanées incontrôlées jouent un rôle majeur dans le syndrome de Netherton (SN).

Notre étude menée auprès de 20 patients a montré que ces enzymes, appelées peptidases apparentées à la kallikréine (KLK), sont plus actives dans la peau atteinte du syndrome de Netherton que dans la peau saine, même dans les zones qui semblent non affectées. Les patients atteints de la forme érythrodermique squameuse du syndrome de Netherton présentaient une activité enzymatique KLK7 plus élevée que les patients atteints du sous-type ichthyosis linearis circumflexa. Grâce à un prélèvement simple et non invasif par ruban adhésif, nous avons pu mesurer ces changements sans avoir recours à une biopsie.

Le syndrome de Netherton est une maladie inflammatoire grave de la peau pour laquelle il n'existe actuellement aucun traitement spécifique. Les KLK constituent des cibles thérapeutiques prometteuses, mais les médicaments candidats en sont encore au stade préclinique ou au début du développement clinique. Nos résultats, associés à l'approche de mesure non invasive, pourraient permettre un suivi longitudinal de l'activité de la maladie et de la réponse au traitement, une stratification des patients en fonction de leur profil protéolytique et, à terme, un développement plus rapide des thérapies ciblant les KLK.

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