Un traitement approuvé par la FDA pour les syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse liés à une mutation du gène PIK3CA

L’Agence américaine du médicament (FDA) vient d’approuver un traitement dans les syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse liés à une mutation du gène PIK3CA. Cette percée thérapeutique majeure s’appuie sur les travaux pionniers de Pr Guillaume Canaud (hôpital Necker – Enfants malades AP-HP/INEM – Centre de Médecine Moléculaire – Inserm / Institut Imagine / Université Paris Cité)

Publié le 21.04.2022

Accélérer la recherche

La Food and Drug Administration (FDA) vient d’autoriser la mise sur le marché de la molécule d’alpelisib (Novartis) pour le traitement des syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse liés à PIK3CA. Les patients atteints de ce syndrome de surcroissance et d’anomalies vasculaires présentent des douleurs, des poussées inflammatoires, des infections, mais surtout des malformations de certaines parties du corps.

Dans les formes les plus sévères, le pronostic vital est engagé. L’alpelisib – déjà utilisé dans le cancer du sein – devient ainsi le premier et unique médicament approuvé par l’Agence américaine du médicament chez l’enfant âgé d’au moins 2 ans et l’adulte dans le traitement du syndrome des syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse liés à une mutation du gène PIK3CA.

Un succès thérapeutique ...

Ce succès thérapeutique s’appuie sur la ténacité de l’équipe du Pr, Guillaume Canaud (hôpital Necker – Enfants malades AP-HP/INEM – Centre de Médecine Moléculaire – Inserm / Institut Imagine / Université Paris Cité), dont les travaux pionniers ont permis de mieux comprendre la maladie, ses mécanismes d’action et sa progression grâce à la mise au point du premier modèle murin de la maladie. Ce travail préclinique lui a en effet permis d’identifier une molécule – BYL719 ou alpelisib – très efficace pour inhiber la protéine anormale PIK3CA responsable de cette affection rare et ainsi atténuer les symptômes.

En 2016, les médecins ont obtenu l’autorisation de tester la molécule chez des patients sévères, résistants aux autres traitements, notamment chirurgicaux. En 2018, l’équipe française publie ainsi dans Nature une étude dans laquelle ils relatent l’extraordinaire efficacité de l’alpelisib chez 19 patients suivis à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP [1].

... ouvrant la voie à une autorisation de mise sur le marché

Ces résultats sont ensuite confirmés par l’étude rétrospective EPIK-P1, réalisée auprès de 57 patients dont 44 suivis à à l’hôpital Necker Enfants Malades [2],[3], ce qui pousse la FDA a autorisé le traitement. Depuis, un peu plus de 150 patients sont en cours de traitement avec cette molécule à l’hôpital Necker Enfants Malades.

Pour Pr Guillaume Canaud. « Il s'agit d'une avancée majeure pour l’amélioration de la prise en charge des patients. »

Pour Christine Clerici, présidente de Université Paris Cité : « C’est d’abord une excellente nouvelle pour les patients atteints du syndrome de Cloves qui vont enfin pouvoir bénéficier d’un traitement grâce à cette décision majeure de la FDA. C’est également, de la part de communauté scientifique internationale, une importante marque de reconnaissance de la qualité de la recherche et de l’enseignement français, porteurs d’innovation ! »

Pour Gilles Bloch, PDG de l’Inserm : « Cette annonce vient non seulement couronner le travail d’excellence menée par une équipe française alliant recherche fondamentale et recherche clinique mais démontre également la capacité d’innovation issue de la recherche que l’Institut mène avec ses partenaires. C’est aussi, et surtout une formidable nouvelle pour les patients en leur offrant l’espoir d’une meilleure qualité de vie.»

Pour Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP : « De la recherche fondamentale à l’arrivée d’un nouveau traitement pour des maladies rares, cette autorisation est l’aboutissement d’un partenariat exemplaire et une démarche inspirante comme on aimerait en favoriser beaucoup.»

En Europe, l’autorisation de mise sur le marché prendra un peu plus de temps du fait d’une étude clinique randomisée encore en cours.

Références  :

[1] Venot, Q., et al. Targeted therapy in patients with PIK3CA-related overgrowth syndrome. Nature 558, 540–546 (2018). https://doi.org/10.1038/s41586-018-0217-9

[2] Canaud G, et al. - EPIK-P1: Retrospective Chart Review Study of Patients With PIK3CA-Related Overgrowth Spectrum Who Have Received Alpelisib as Part of a Compassionate Use Programme / Presented at the 2021 ESMO Congress; September 17-21, 2021.

[3] Morin, G, et al., Treatment of two infants with PIK3CA-related overgrowth spectrum by alpelisib. J Exp Med (2022) 291 (3). https://doi.org/10.1084/jem.20212148

Pour en savoir plus :

Lire les communiqués de presse de l'Inserm et de l'AP-HP