Les auto-anticorps anti-IFN de type I : détectés et opérants dès l’enfance

Ces derniers mois, le laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses coordonné par le Pr Jean-Laurent Casanova et le Dr Laurent Abel a publié de nombreux résultats sur les auto-anticorps anti-interféron de type I. Leur dernière publication, parue dans Journal of Experimental Medicine, se focalise pour la première fois sur les auto-anticorps dans une population pédiatrique en évaluant la présence ou non des auto-anticorps chez des enfants atteints de pneumonie due à une infection par le virus SARS-CoV-2.

Publié le

Accélérer la recherche

Récemment, le laboratoire franco-américain de génétique humaine des maladies infectieuses de l’Institut Imagine (Inserm, Université Paris Cité, AP-HP) et de l’Université Rockefeller, coordonné par le Pr Jean-Laurent Casanova et le Dr Laurent Abel, a publié plusieurs articles sur les auto-anticorps anti-interféron de type I (IFN-I). Ces auto-anticorps sont présents dans une faible proportion de la population générale avant 65 ans, et causent des formes sévères d’infections virales : par exemple,  dans le cas d’encéphalites en réponse au virus du West Nile. Simultanément, l’équipe tente de comprendre les facteurs génétiques prédisposant à la production de ces auto-anticorps anti-IFN de type I.

Paul Bastard, médecin-chercheur au sein du laboratoire, s’est concentré sur une population jeune. Il a évalué la présence de ces auto-anticorps chez plus de 180 enfants venant de 9 pays différents, et présentant une infection pulmonaire sévère à SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. Ce travail est le premier portant sur une population aussi jeune. Les auto-anticorps neutralisant l'IFN-I sont trouvés chez environ 10% des enfants atteints de pneumonie sévère à SARS-CoV-2, ce qui est largement supérieur à la fréquence observée dans la population générale. La présence d’auto-anticorps anti-IFN-I augmente donc considérablement le risque de développer une infection sévère à SARS-CoV-2, même chez l’enfant.

Il existe plusieurs IFN-I différents (16 au total), et l’étude a également permis d’identifier une réponse différente selon l’IFN-I bloqué par les auto-anticorps. En effet, la probabilité de développer une pneumonie COVID-19 potentiellement mortelle est plus élevée chez les enfants avec des auto-anticorps contre les IFN-α, que ceux avec des auto-anticorps bloquant l’IFN-ω, qui joue toutefois un rôle important dans la réponse immunitaire face aux infections virales.

Enfin, en mesurant le taux d’auto-anticorps chez plus de 2000 enfants n’ayant pas été infectés par le SARS-CoV-2, les auteurs ont montré que la fréquence des auto-anticorps anti-IFN-I chez les enfants était proche de celle des jeunes adultes. 

Ces travaux permettent d’avancer dans la compréhension de la réponse immunitaire face au COVID-19, et soulignent une nouvelle fois le rôle majeur des IFN de type I. L’identification de ces auto-anticorps, et la compréhension des mécanismes moléculaires et cellulaires menant à leur synthèse pourrait permettre une prévention dans les populations à risque face à des infections virales comme la pneumonie COVID-19 ou la grippe.

 

DOI: 10.1084/jem.20231353