Marine Luka, Ingénieure d’études tournée vers l’immunologie et la médecine de demain

Une question passionne Marine Luka depuis le début de son parcours : comprendre comment fonctionne le corps humain et comment il réagit face à un problème. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est rapidement tournée vers la recherche, la biologie et l’immunologie. Ingénieure d’études à l’Institut Imagine depuis près de cinq ans, elle a relevé de nombreux défis en intégrant en 2017 la toute nouvelle équipe de recherche « Réponses inflammatoires et réseaux transcriptomiques dans les maladies » créée et dirigée par Mickaël Ménager, et en mettant sur pieds avec lui une nouvelle plateforme dédiée à une technologie révolutionnaire pour la compréhension des maladies, le single-cell.

Publié le 27.06.2022

Institut Imagine

Elucider les mystères de la biologie

Alors qu’elle est en licence professionnelle, son premier stage à l’Institut Cochin convainc Marine que son avenir est dans un laboratoire et qu’elle souhaite contribuer à faire avancer la recherche. Son domaine de prédilection sera l’immunologie car il soulève de nombreuses questions biologiques sur le fonctionnement de notre corps et de nos cellules qui intriguent Marine. Elle s’intéresse particulièrement à la variété des réactions à ce qui est identifié comme une menace par notre organisme.

A la fin de ses études, Marine s’oriente vers le métier d’ingénieur. « En tant qu’ingénieur, on peut voir beaucoup de choses, découvrir de nouveaux domaines de recherche plus facilement. Alors qu’un chercheur va être concentré sur sa thématique, nous sommes experts de nos techniques et de nos compétences, et nous pouvons nous adapter à plusieurs sujets de recherche ». Avant de rejoindre l’Institut Imagine, Marine a notamment travaillé sur la méiose chez la levure à l’Institut Curie, et sur des thématiques autour des maladies neurodégénératives à l’Institut Cochin.

S’impliquer dans la construction d’une équipe de recherche

En 2017, souhaitant revenir à l’immunologie, Marine répond à l’annonce pour un poste d’IE d’un jeune chercheur revenu des Etats-Unis, Mickaël Ménager qui est en train de créer son équipe de recherche ATIP Avenir Inserm à l’Institut Imagine. Cette nouvelle équipe se base sur l’expérience transverse du chercheur entre immunologie, virologie et biologie cellulaire, et sur une certitude : il faut aborder le système immunitaire en analysant, de la façon la plus précise qui soit, les cellules qui en sont le bras armé et leur diversité. L’objectif de l’équipe est d’explorer la complexité de la réponse immunitaire et de l’auto-inflammation, et cela à l’échelle de la cellule unique.

Convaincue par cette approche, Marine se lance dans l’aventure. Elle participe pleinement à la construction de l’équipe. « En plus de la thématique de recherche, ce qui a été passionnant, ça a été de pouvoir écrire ensemble les premières pages et poser les fondations de cette équipe. Mettre en place et définir nos règles a été un vrai challenge. Nous avons tout construit à trois et chacun a réellement pu amener ses idées et contribuer à faire grandir l’équipe. Cela n’a pas toujours été évident mais nous avons énormément appris et acquis de nombreuses compétences. ». En plus de son métier d’ingénieur, Marine est également responsable L2, relai HSE pour l’Institut, et apporte son soutien à l’ensemble des projets de l’équipe, un peu à la manière d’un lab manager, ce qui lui donne une vision d’ensemble et lui a permis de voir tous les projets grandir.

Mettre en place et développer le single-cell

Dès sa création, l’équipe de Mickaël Ménager a commencé à mettre en place la technologie single-cell. L’idée est d’établir une carte fonctionnelle d’interactions et de connexions entre les cellules à partir de l’expression des gènes collectés dans chaque cellule du sang. En comparant les cartes d’identité cellulaire de différents patients, il pourrait être possible de découvrir des points communs entre des pathologies et choisir des traitements adaptés. « Cette technique révolutionne la manière d’étudier les maladies, on peut savoir quelle cellule ou quel mécanisme est responsable de celle-ci. L’analyse single-cell a un grand impact, elle répond à plusieurs questions biologiques et ouvre de nombreuses portes. Elle peut apporter beaucoup à la compréhension des maladies génétiques ainsi qu’à leur diagnostic ».

La mise en place de la technologie a été un véritable défi. Il a fallu prouver le concept de cette technique très couteuse et convaincre de son intérêt, avant de pouvoir mettre en place la plateforme LabTech Single-Cell@Imagine, dirigée par Mickaël Ménager et dont Marine est l’ingénieure. « Nous avons d’abord mené plusieurs expériences dans notre équipe sur des maladies auto-immunes, puis sur d’autres pathologies avec les différents laboratoires de l’institut. La demande est exponentielle, de nombreuses équipes s’intéressent au single-cell, que ce soit à l’Institut ou sur le territoire français ».

Marine est très impliquée dans l’accompagnement des projets de recherche des équipes qui font appel à la plateforme. « En plus de nos compétences techniques et d’analyse, nous avons un rôle important de conseil auprès des équipes. Avec l’expérience, nous sommes aujourd’hui capables de savoir si le single-cell va réellement apporter quelque chose à leur projet de recherche ».

Et si ce nouveau rôle dans une plateforme de service a pu d’abord décontenancer Marine, l’expérience est enrichissante. « En recherche, on sait ce qu’on fait et où on veut aller, ce qui n’est pas toujours le cas en tant qu’ingénieur sur une plateforme. On apporte une compétence technique, et les équipes de recherche apportent des connaissances scientifiques. Cela me permet de découvrir d’autres domaines de recherche, de comprendre ce que les équipes cherchent, pourquoi et comment. Il y a un aspect très important pour moi, qui est de savoir ce qu’on a pu apporter et aider à trouver ».

Aujourd’hui, l’équipe dont fait partie Marine se situe à un tournant de son histoire. Après cinq ans passés à explorer de nouvelles pistes de recherche, à construire de nouvelles hypothèses et concepts, des publications scientifiques et soutenances de thèse sont à venir, avec de nouvelles pages à écrire. « De belles choses se dessinent pour l’avenir, et je veux y participer ! », conclut Marine.